Comparatif courbe cible / enceintes - 20/06/2024
Différentes courbes cibles
La courbe cible reste un élément prépondérant pour un calibrage. Car quoi qu’on en dise, au-delà de tout l’aspect temporel qui est bien évidemment important, c’est l’équilibre tonal qui va se faire entendre dès les premières secondes d’une écoute : manque de grave, pas assez, manque de clarté, agressivité lié à l’aigu, le médium…
Il existe plusieurs courbes cibles utilisables en home cinéma et/ou HiFi. Aucune ne fera l’unanimité. Elles seront toutes discutées en fonction des goûts et des croyances personnelles.
Courbe cible utilisée par le système de calibrage Audyssey, ici sur le logiciel Mult EQ X. Elle est assimilable à la courbe X. Audyssey One supprime ce Roll Off, mais ne s’affranchit pas des problèmes de fidélité du micro.
Pour ma part, j’estime que la courbe X (normes ISO 2969 et SMPTE 202M) n’est pas applicable en home cinéma. Pour faire court, elle est initialement destinée aux salles de cinéma pour prendre en compte leur taille, leur acoustique et leur nombre important de rangés. Les distances parcourues par les ondes sonores sont bien plus importantes qu’en home cinéma. Il faut prendre en compte l’absorption de l’air qui atténue les hautes fréquences. On comprend aussi que le rendu est donc différent entre celui qui est au premier rang et celui qui est au milieu de la salle. On ne retrouve pas ces contraintes en home cinéma. La courbe cible d’Audyssey fait perdre en clarté.
Courbe cible de type Harman avec du gain dans le grave pour le système de calibrage Dirac sur le logiciel Dirac Live.
Courbe cible utilisée par le système de calibrage ARC sur le logiciel ARC Genesis. Avec également un Roll Off, comme Audyssey, mais aussi du gain dans le grave.
J’indique toujours utiliser une courbe cible extrapolée des courbes isosoniques pour prendre en compte la sensibilité de l’oreille. Je n’ai certainement pas fait du copier-coller. Vous ne retrouvez pas ma courbe cible dans les courbes isosoniques de Fletcher et Munson ou dans les courbes ISO 226:2003. Je n’impose pas ma courbe cible et elle fait très souvent l’objet d’ajustement pendant ou après calibrage lors des essais. Cela peut être dans le grave comme dans l’aigu en fonction du ressenti et bien sûr, DU NIVEAU D’ECOUTE. Chose très importante, mais bien trop souvent ignorée. Les niveaux d’écoute sont très différents entre les installations et les personnes. Donc fondamentalement, prendre en compte la sensibilité de l’oreille valorise le résultat final.
Corrélation courbe cible / réponses des enceintes
En passant de home cinéma en home cinéma, je cumule pas mal de mesures d’enceintes associées à beaucoup de matériels différents (les amplis se veulent neutres et pour ceux déjà testés, ils ne changent pas la tonalité d’une enceinte). Bien que les mesures soient effectuées dans des pièces pouvant altérer la réponse des enceintes, au dessus de la fréquence de Schroeder (environ 150 à 300 Hz en fonction des pièces), on s’approche de la réponse naturelle des enceintes. Et quand bien même, des mesures en situation réelle sont plus parlantes qu’en chambre anéchoïque.
Je vous propose donc de découvrir ci-dessous les mesures de quelques différentes enceintes. Les réponses sont naturelles, sans calibrage, dans leur pièce d’écoute respective et à des points d’écoute et de mesure éloignés au minimum d’environ 3 mètres, donc en champ diffus. On pourra y faire la corrélation entre les enceintes réputées agressives et celles qui ne le sont pas.
Réputées pour être criardes, agressives et/ou fatigantes, les plus ressentes enceintes RP-8000F commencent à corriger le tir face à des RP-280F d’ancienne génération. Moins d’aigu pour les RP-8000, mais c’est au détriment de l’extrême aigu qui n’est pas agressif.
Chaque pair d’enceinte avait un rendu différent lié principalement à leur tonalité, à leur timing et l’acoustique de la pièce. Elles ont chacune leurs particularités. On peut constater des gestions différentes dans l’aigu générant de l’agressivité ou pas. L’extrême aigu (au-dessus de 6 kHz) n’est pas à négliger. Ce sont des fréquences non agressives extrêmement importantes pour le naturel du rendu, pour l’ouverture de la scène sonore, pour le placement, pour la clarté, en home cinéma comme en HiFi. Si l’ampli le permet, désactiver et réactiver le calibrage en pleine écoute pour obtenir une réponse proche de la courbe cible permet de pleinement se rendre compte du gain important que procure la présence de l’extrême aigu et aussi, la maîtrise de l’agressivité. Pouvoir basculer en une seconde d’une configuration sonore à une autre est la façon la plus efficace d’effectuer un comparatif objectif.
Pour finir
L’oreille est la plus sensible aux fréquences d’environ 2 à 5 kHz. Cela est dû principalement à la résonance du canal auditif et à la fonction de transfert des osselets dans l’oreille moyenne. Ce sont ces fréquences qui peuvent être irritantes, désagréables ou fatigantes à l’écoute. D’autres explications temporelles existent pour expliquer l’agressivité de certaines fréquences, mais je n’ai jamais pu le vérifier. Mes écoutes et mon ressenti de l’agressivité ont toujours était en corrélation avec les mesures en amplitude qui étaient faites APRES les premières écoutes. Je ne suis donc pas influencé par mes mesures.
Les fabricants ont différentes approches concernant la tonalité de leurs enceintes, procurant plus ou moins de fidélité à la restitution sonore, plus ou moins de clarté et/ou plus ou moins d’agressivité. D’où l’intérêt de prendre en compte la sensibilité de l’oreille (qui inclue le niveau d’écoute) pour calibrer une installation avec une courbe cible appropriée qui ne va pas donner de l’agressivité à des enceintes qui initialement n’en ont pas ou peu.
Après calibrage, l’une de mes priorités est de ne plus avoir d’agressivité dans le rendu final tout en prenant en compte le niveau d’écoute. Le rendu final doit être équilibré, clair, détaillé et sans agressivité.
